Fab Labs et création de startups

 

Nous avons eu l’occasion de pouvoir interviewer Ghislain Auclair, co-fondateur de Woodlight mais aussi chef de projet du réseau Fab Lab de l’Université de Strasbourg. Ce réseau, inauguré le 23 octobre 2018, a permis de répondre à une demande bien spécifique des petites structures entrepreneuriales.

 

Tout d’abord, revenons sur la définition du terme Fab Lab. Issu des Etats-Unis, dans sa définition originelle le “fabrication laboratory” est un espace conçu pour sensibiliser les étudiants à la création, au prototypage ou toute sorte de réalisation de projets. Depuis, la définition a évolué et les Fab Labs sont devenus des lieux tournés vers toute forme d’entrepreneuriat en mettant à disposition des machines et des outils pour la conception et la réalisation de prototypes notamment. C’est le manque d’espaces de ce genre dédiés à la biotech à Strasbourg qui va inciter Ghislain Auclair à déposer un projet auprès de l’Université de Strasbourg. 

 

 

La problématique de trouver un espace pour prototyper s’est imposée avec le développement de Woodlight. L’Eurométropole proposait des locaux pour la mise en place de laboratoires mais ceux-ci étaient vides donc peu abordables pour des structures naissantes. Ghislain étant dans l’obligation de réaliser un stage pour finir son cursus, c’est dans ce cadre qu’il a proposé son projet d’étude de faisabilité d’un Fab Lab en Biotechnologie auprès de l’Unistra. Cette dernière a accepté et ce qui n’était qu’un stage s’est finalement transformé en réel projet professionnel.

Il est important de revenir sur la définition originelle du Fab Lab avant de poursuivre avec l’exemple des Fab Labs de l’Université de Strasbourg, car ces derniers ont un statut juridique hybride. Cela signifie que tout étudiant en stage en entreprise (n’ayant pas les équipements pour réaliser la R&D) ou personne ayant le statut d'étudiant-entrepreneur de l’Université de Strasbourg peut louer cet espace. Ainsi, ces Fab Labs nouvellement créés ne répondent pas à la définition originelle. Ces derniers se sont adaptés à la demande et ont pour vocation d’offrir aux entrepreneurs toujours davantage d’outils.
D’autant qu’une seconde problématique a émergé concernant la propriété intellectuelle. En effet,  la question s’est posée de la protection des créations au sein de ces Fab Labs. Il a été décidé que chacun serait propriétaire de sa propre réalisation, d’où la notion d’“Open Lab”. L’Eurométropole quant à elle a tout de suite compris qu’il était dans son intérêt pour son rayonnement d’aider à la création de ces Fab Labs et a donc apporté des financements conséquents pour la création du Biotech Fab Lab.  

 

Une première entreprise issue de l’utilisation des Fab Labs est entrée en phase de commercialisation : Orisae. C’est le seul exemple jusqu’à présent car les Fab Labs ayant seulement été inaugurés en 2018, Ghislain nous a expliqué qu’il faudrait attendre encore un peu pour que les exemples se multiplient. Cependant, Woodlight n’en est plus à son premier prix et prouve qu’une startup s’appuyant sur le réseau Fab Lab a tout ce qu’il lui faut pour se développer.

 

Petit à petit, d’autres structures déjà existantes ont obtenu ce statut de Fab Lab de l’Unistra. On en compte actuellement 6, chacune spécialisée dans un domaine scientifique en particulier (biotech, robotique, etc). Tous les Fab Labs du réseau Unistra disposent de ce statut hybride qui est une condition pour obtenir cette appellation. Le réseau inspire, véritable exemple pour les campus lyonnais et parisiens qui cherchent maintenant à reproduire ce réseau au sein de leurs universités.

 

Pendant l’année 2020, avec la pandémie, comme ailleurs, l’activité des Fab Labs a été malheureusement freinée. En effet, l’accès était limité à une fois par semaine ce qui rendait tout avancement dans les projets des entreprises ou startups totalement impossible.

 

Parmi les objectifs à atteindre pour les prochaines années, l’un des principaux serait d’augmenter considérablement la visibilité des Fab Labs. En effet, ceux-ci souffrent d’un déficit de visibilité dans certaines facultés qui pourraient pourtant être tentées de créer des startups en ayant la connaissance de l’existence de tels lieux. Comme nous indiquait Ghislain « C’est toujours la même question, à un moment donné, comment devient-on visible ? ». Mais des acteurs comme Pepite ETENA travaillent en coopération avec les Fab Labs afin de promouvoir leur action et les opportunités qu’ils sont capables de procurer. De plus, des projets de cartographie des acteurs de l’entrepreneuriat ont pu être réalisés pour poursuivre l’objectif d’accroissement de la visibilité de tout le réseau.

 Les Fab Labs de l’Unistra favorisent donc la création de startups en ce qu’ils mettent à disposition des espaces propices au développement d’entreprises innovantes, leur fournissant conseils et expertises quand ceux-ci en ont besoin. Leurs différents partenariats comme celui de Pepite ETENA permettent d’aider à mettre sur pied des projets qui n’auraient pu voir le jour autrement ou du moins plus difficilement.

N’hésitez pas à partager cet article si vous pensez qu’il pourrait intéresser quiconque a une idée de startup, un concept, mais n’ose pas se lancer et bénéficierait de savoir que de tels lieux existent.

Encore merci à Ghislain de nous avoir accordé de son temps !

 

La Communauté French Tech Strasbourg vous dit à bientôt pour un prochain article sur un sujet tout aussi passionnant ! 🚀